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Exposition

Apichatpong Weerasethakul, éclair obscur

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La superbe exposition du cinéaste et plasticien thaïlandais à l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne résonne avec l’actualité troublée.
Apichatpong Weerasethakul, mercredi à l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne. (Bruno Amsellem/Libération)
publié le 1er juillet 2021 à 15h43

Devions-nous traverser une pandémie mondiale afin de réaliser à quel point le monde dans lequel nous évoluons est intimement imprévisible, cruel et étrange ? En avions-nous besoin pour saisir la fugitivité de nos existences et aussi pour regarder mieux ce qui nous entoure, mesurer le temps en reconsidérant notre perception du présent et notre approche du futur ? Autant de questions existentielles qui nous assaillent sur le seuil d’une exposition à l’épaisseur de nuit factice, où quelques chiens errants à l’épiderme pourpre électrique se frayent un chemin aux murs, ouvrant la voie d’une déambulation où se nicheraient çà et là quelques onguents numériques et matières à nous apaiser. Les cabots vidéoprojetés sont les gardiens du cinéaste thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, artiste et cinéaste honoré d’une monographie intitulée «Periphery of the Night» à l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne-Rhône-Alpes.

Au sein de l’univers brumeux de ce grand ordonnateur des corps vulnérables et d’entremondes invisibles, il est décidément difficile de ne pas songer à tout ce que nous venons de traverser ces derniers mois, ne serait-ce qu’en pensant aux patients sous respiration artificielle qui peuplent son long métrage Cemetery of Splendour (2015). Le cinéaste, à nos côtés, rit du parallèle : «Je ne montre pas tant de personnes hospitalisées que ça dans mes films… si ? La vulnérabilité fait partie de nos vies, nous en avons besoin afin d’éveiller notre empathie enve