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Art contemporain

Au CAPC de Bordeaux, Nina Beier bouscule le statues quo

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La sculptrice danoise raconte à travers ses assemblages une histoire matérielle du monde où l’humain est notablement absent.
«Great Depression» (2021) de Nina Beier. ( Arthur Péquin)
publié le 16 août 2024 à 6h12

Si la taille et la hauteur sous plafond de la nef du CAPC-Musée d’art contemporain de Bordeaux ont régulièrement incité les artistes à jouer les gros bras en y installant des œuvres gigantesques, Nina Beier fait tout l’inverse et ses sculptures, du rase-mottes. Elles ne cherchent pas à s’élever. Le sol est leur horizon. Beaucoup – ces serviettes de plage au motif de billets de banque ou bien ce socle en bronze délesté de la sculpture équestre qu’il portait, intitulé Ground – se contentent de s’y allonger paresseusement. D’autant que l’artiste danoise a recouvert ce sol, d’ordinaire noir goudron, d’une moelleuse moquette blanche. Qu’on arpente, charlottes sur les chaussures, comme on ferait sur une vaste plaine neigeuse, sans que rien ne se dresse bien haut. Trop risqué. La preuve : des œuvres ne tiennent que dans un équilibre précaire. A l’image de cette chaise appuyée les pieds en l’air contre un pilier ou bien de ces lions en marbre, basculés sur le flanc ou sur le dos, les pattes en l’air. L’exposition prête donc à la sculpture une inhabituelle position couchée, illustrée encore par des baignoires encastrées dans le sol. Manière pour Nina Beier de mettre à plat les choses, les objets qu’elle assemble ou juxtapose, leur origine, leurs matériaux et ce qu’ils symbolisent.

Palmes écrasées et métaux précieux

C’est à ce stade qu’il faut