Les plaintes graves et caverneuses, composées par Kali Malone, pour un trio d’orgues, résonnent sur les trois étages de Lafayette Anticipations, comme une invitation à l’élévation vers un «Au-delà» (titre de l’exposition) mystique, vers des sphères éthérées et insituables où l’âme des vivants, quelle que soit leur espèce, se connecterait à l’esprit des morts, à la terre, au ciel, au feu. Une telle alchimie ne va pas sans rituel, sans un décorum, sans des formes accréditant et donnant corps à ce miracle.
Entre onirisme vaudou et militantisme ouvrier
L’expo y croit et partage sa foi en mettant en scène, dans la pénombre dramatique d’une messe noire, des œuvres qui datent de toutes les époques. Les rituels païens remontent à des temps immémoriaux et les artistes contemporains présentés s’inspirent des formes totémiques, de la geste alchimique, voire des matériaux ensorcelés auxquels les croyants fervents, de tout poil, recouraient dans ces âges reculés. Croyants dont la voix parvient jusqu’ici grâce au fac-similé d’un manuscrit enluminé, celui où Hildegard von Bingen, écrivaine inspirée, compositrice et guérisseuse mystique inscrivit ses visions et la trajectoire de l’âme vers les sphères éthérées de l’immortalité.
En face de cet imposant grimoire, une grande gouache du Cubain Wifredo Lam entremêle la silhouette tentaculaire d’une femme et une v