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Au musée de la Chasse, Tamara Kostianovsky, défilé de haute suture

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L’artiste, née à Buenos Aires et influencée par le travail de son père chirurgien esthétique, utilise le textile et la couture dans des œuvres aux couleurs tendres qui font écho à la dictature argentine ou aux animaux d’Amérique latine.
De gauche à droite : «Uprooted», «Victorian Bird» et «Tropical Rococo» de Tamara Kostianovsky. (Théo Pitout)
publié le 2 mai 2024 à 19h07

Etonnamment légère, une souche est suspendue au mur, lévitant comme par magie. Ses cernes roses, mauves, jaune pâle et bleu ciel hypnotisent, tels les yeux du serpent Kaa… Voilà l’accueil que vous réserve Tamara Kostianovsky dans son exposition au musée de la Chasse et de la Nature. Plus loin, dans la salle principale, des grumes et des tronçons d’arbres, à échelle un, jonchent le sol. Ils sont aussi de couleurs tendres, si tendres qu’ils ressemblent à d’intrigantes pâtisseries, à des mille-feuilles ou à des morceaux de chairs fraîches. Quelques champignons noirs en tissu, petites traces de moisissure, poussent sur les rondins qui – quand on s’approche de plus près – se révèlent être en étoffe. Constitués de fines bandelettes cousues à la main, tel un épiderme de textile, ces rondins sont en coton, souples comme des coussins. «Mon père était chirurgien esthétique, explique Tamara Kostianovsky. II pensait que c’était une bonne idée de m’exposer au travail quel qu’il soit. Quand, pour la première fois, j’ai utilisé du tissu, j’avais en tête les images de mon père travaillant avec de la peau dans son cabinet. Je ne suis pas arrivée à la couture par l’artisanat mais plutôt par la chirurgie.»

Goût pour les nuances tendres

Née en 1974 à Jérusalem, Tamara Kostianovsky a grandi à Buenos Aires, en Argentine. A l’âge de 19 ans, étudiante en art, elle circule entre le cabinet médical paternel et les ateliers de peinture. Et elle assiste au secret des opérations des nez refaits, des liftings, des liposu