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Biennale de l’image : à Vevey, les paradis de l’intelligence artificielle

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Enquête sur le passé numérique, autopromo sur les réseaux ou souvenirs de synthèse… A l’occasion de la neuvième édition du festival d’arts visuels suisse, «Libération» a sélectionné le travail de six photographes lancés à l‘assaut du grand bain des images algorithmiques.
La Britannique Maisie Cousins, connue pour ses gros plans sensuels, a recréé le parc d’attractions de son enfance, Blobbyland, aujourd’hui disparu. (Maisie Cousins)
publié le 15 septembre 2024 à 17h59

Le paysage sublime du lac Léman et de ses montagnes bleues n’a pas masqué l’absence de Sasha Kurmaz, lauréat du grand prix, à l’ouverture de la 9e Biennale de l’image de Vevey. Au musée Jenisch, l’Ukrainien présente un journal intime déchirant. Sur des bouts de cartons et des papiers de fortune, le photographe a collé ses photos de Kyiv en guerre avec du gros scotch : bâtiments pilonnés par les missiles russes, sacs de sable, soldats blessés, corps d’un homme à terre, regard rouge d’effroi, verre fondu dans les décombres, autoportrait de l’auteur dans un miroir brisé… Témoignage de la vie quotidienne à l’arrière du front, cette pièce maîtresse – un travail encore en cours – ramène la géopolitique au cœur de la biennale d’arts visuels suisse, et une certaine gravité dans ce festival réputé pour son approche ludique et ses installations en plein air.

«En 2022 et 2023, j’ai pu faire des courts voyages à l’étranger, un outil que je trouve extrêmement efficace pour la diplomatie culturelle, explique Sasha Kurmaz par mail. Mais cette année, il est presque impossible d’obtenir une autorisation de sortir. Tous les hommes en Ukraine sont désormais perçus comme une ressource pour la défense de l’Etat […]. Nous nous trouvons aujourd’hui dans une situation où des athlètes, des scientifiques, des artistes et des danseurs de premier plan me