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Exposition

Capodimonte au Louvre, un contour Naples

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Le grand musée napolitain, bientôt en rénovation, délocalise 70 de ses chefs-d’œuvre au Louvre, qui les fait dialoguer avec ses propres trésors. Le choc de deux collections magistrales.
L’une des «Danaé» peintes par le Titien (1544-1545). (Amedeo Benestante/Museo di Capodimonte)
publié le 2 juillet 2023 à 16h22

A Naples, en 1817, Stendhal trouve que «la manière de sentir de l’Italie est absurde pour les habitants du Nord. Je ne conçois même pas, après y avoir rêvé un quart d’heure, par quelles explications, par quels mots on pourrait la leur faire entendre. Cela se réduit à l’absurdité du tigre qui voudrait faire sentir au cerf les délices qu’il trouve à boire du sang». L’auteur de la Chartreuse de Parme n’était certainement pas un tigre ni même un dompteur mais, à Naples, ces animaux existent aussi bien sur les trottoirs, dans les églises, au cœur des palais, que là-haut, sur la colline excentrée, pendus aux murs du musée de Capodimonte. Ce lieu tranquille et peu fréquenté par les touristes est situé au cœur d’un parc de 134 hectares. C’était naguère un terrain vague, voué aux marges de la ville. Il est de nouveau princier. Le musée a ouvert en 1957. Il va partiellement fermer en 2024 pour rénovation. C’est l’occasion pour son directeur français, Sylvain Bellenger, d’installer au Louvre environ 70 tableaux, objets, dessins, pour la plupart des chefs-d’œuvre, issus de la collection Farnèse.

Cette transhumance artistique est son chant du cygne : au moment même où l’exposition ouvrait, le gouvernement italien a décidé de ne renouveler aucun des directeurs étrangers à la tête de ses musées. Les fauves napolitains sont lâchés au Louvre pour six mois, dans trois espaces : essentiellement la Grande Galerie, mais aussi deux (trop) petites salles situées à l’étage, la salle de