Alors qu’elle présente ses vœux au monde de la culture ce lundi 29 janvier à la Cité de l’immigration, palais de la Porte dorée à Paris, la nouvelle ministre de la Culture peut, au-delà des annonces et des effets de com qu’elle a multipliés ces derniers jours, de Clichy à Nontron en passant par Angoulême, faire valoir une première victoire tangible : elle vient d’obtenir une sortie de conflit après trois mois de grève au centre Pompidou portée par une partie des agents inquiets pour la pérennité de leurs postes pendant la période de travaux.
Une semaine après sa nomination surprise, elle avait déjà fait savoir à l’intersyndicale culture reçue rue de Valois : «Lorsqu’un conflit s’enlise, il vaut mieux prendre la main !» Après une nouvelle réunion organisée entre les syndicats et la direction le 23 janvier qui s’était soldée par un statu quo, déclenchant deux jours plus tard la signature d’un nouveau préavis de grève, Rachida Dati a donc visiblement pris la main, arrachant à deux organisations syndicales sur cinq et à la direction du centre Pompidou un protocole d’accord qui met de facto un terme au conflit.
Forte mobilisation
«Drôle de procédé de sortie d’un conflit de plus de trois mois… et étrange coïncidence que cela tombe le jour des vœux de la ministre !», ironise Nathalie Ramos, représentante de la CGT culture exclue de la signature, comme l’Unsa-Culture et Sud-Culture solidaires. «Le protocole d’accord relatif à l’accompagnement des équipes pendant les travaux a été signé ce jour par les organisations syndicales SPCP-FO et CFDT-Culture», confirme la communication du centre Pompidou qui peut à nouveau respirer après une forte mobilisation d’une partie de ses équipes – capables, parce qu’elles étaient à des postes stratégiques, de bloquer à elles seules l’ensemble de l’activité. Sans compter l’évident manque à gagner induit par ces fermetures à répétition.
«Je suis heureux de cet accord qui apporte des garanties fortes pour les agents du Centre et qui va nous permettre d’aborder sereinement les années cruciales qui nous attendent», fait ainsi savoir le président de Pompidou, Laurent Le Bon, critiqué en interne pour ses méthodes cavalières et son incapacité à sortir de la crise. «Nous allons proposer à nos publics une programmation très riche jusqu’à la fermeture prévue à l’été 2025, puis nous déploierons notre ambitieux programme hors les murs intitulé “Constellation de 2025 à 2030”. Ce programme permettra à l’ensemble des agents de poursuivre ces activités et de porter collectivement l’esprit du Centre» a poursuivi le président.
Maintien de tous les postes
Cette signature, «majoritaire», prend soin de préciser la directrice de la communication, met ainsi un terme au mouvement social initié le 5 octobre par une partie des agents affectés par la fermeture annoncée du centre Pompidou pour cinq longues années de travaux. «En tout, ce sont 465 postes qui sont directement impactés par les travaux, 175 dans le bâtiment et 290 agents postés, soit près de la moitié des effectifs», rappelait, au début du conflit, une syndicaliste. Parmi les principales revendications : un engagement écrit du maintien de tous les postes et un scénario plus lisible pour certaines professions comme celles des conférencières. Egalement réclamé, mais immédiatement exclu par le ministère de la Culture : la création ou l’annexion d’un site unique pour redéployer l’ensemble des agents et des activités.
Selon la direction du centre Pompidou, le protocole signé aujourd’hui «apporte des garanties très fortes : aucun licenciement, maintien des emplois et des rémunérations, garantie de retrouver à la réouverture un emploi». Des engagements de renforcement du dispositif de formation ont également été pris, précise la directrice de la communication Geneviève Paire, qui précise que «que le périmètre des activités actuellement externalisées par service ne sera pas modifié, sauf de façon marginale et que le centre Pompidou et le ministère de la Culture solliciteront chaque année le maintien du plafond d’emploi à l’occasion des conférences budgétaires préalables à l’élaboration du projet de loi de finances».
Mis à jour : à 16 h 40 avec les réactions du centre Pompidou et davantage de contexte.