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Rétrofuturisme

Charlotte Perriand, tirages de vivre

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Puisant dans l’esthétique et le graphisme soviétique, la designeuse créa dans les années 30 des photomontages monumentaux. Des manifestes à portées sociale et politique qui sous-tendent en toile de fond ses créations.
Photomontage de Charlotte Perriand et Fernand Léger présenté à l'Exposition internationale des arts et techniques dans la vie Moderne, à Paris, en 1937. (Archives Charlotte Perriand/ADAGP)
publié le 3 juillet 2021 à 6h26

Charlotte Perriand photographe ? Vraiment ? Ce sont plutôt les tabourets de bar, les chaises longues ou les fauteuils à dossier basculant de la célèbre designeuse et architecte française qui sont passés à la postérité. Or, ce que révèle l’originale exposition – attention, ami·e·s des jolis meubles, passez votre chemin, il n’y en a pas – c’est la passion de Charlotte Perriand pour la photographie. Car dès les années 20, la future collaboratrice de Le Corbusier prend elle-même des images et collectionne des tirages pour nourrir sa réflexion sur le sens du design. Depuis la fenêtre de son appartement du quartier de Saint-Sulpice, à Paris, elle observe la vie urbaine et prend ses premiers clichés. Engagée à gauche, sensible à la propagande culturelle soviétique en Europe, amie d’un architecte russe, Charlotte Perriand effectue plusieurs voyages en Union soviétique qui transforment son esthétique dans les années 30. Si elle revient déçue par les conditions de vie observées ainsi que par la censure, elle reste marquée par le graphisme et l’efficacité visuelle en URSS. Dès lors, elle amasse des revues illustrées, conserve des clichés d’agence photographiques pour créer sa propre archive du monde social. C’est ensuite dans ce fonds en noir et blanc, constitué de photographies d’usines, d’entrepôts, de chantiers, de scènes de la vie quotidiennes et de pratiques sportives, qu’elle puise pour élaborer, découper, coller des photomontages monumentaux qui feront sa réputation.

En 1936,