Parmi ses tout premiers films, dans les années 70, l’histoire a déjà retenu, avec quelques haut-le-cœur, celui qui met en scène un personnage masqué et recroquevillé, expectorant de la peinture en crachant ses poumons et toussant tant et plus : l’Homme qui tousse. Juré craché, il ne honnit pas seulement la peinture, ni même tout ce qu’elle incarnait alors pour une ribambelle d’artistes trop établis aux yeux de la jeune garde soixante-huitarde (la bourgeoisie cliente de l’Ecole de Paris, tartinant un lyrisme éculé), mais aussi une manière de faire œuvre en s’affirmant comme un grand auteur, un moi singulier et superbe. L’Homme qui tousse, de même que son acolyte, l’Homme qui lèche, ou Derrière la porte, c’est aussi une manière pour Christian Boltanski d’afficher un personnage qui, dépassé par les affres de son propre, corps, n’a plus rien de précis à articuler, rien d’intelligible sinon ces soubresauts, un peu idiots, un peu encombrants, inconvenants. Mais, précisément, l’art de Christian Boltanski se charge à ses débuts de faire émerger soudainement et sans pudibonderie, dans des petits films aux couleurs saturées et un peu sales, l’envie d’en faire rejaillir la nécessaire éruption. Christian Boltanski, né en 1944, est mort mercredi, à 76 ans, après avoir fait retentir dans les nombreuses salles d’exposition où il est passé – du Centre Pompidou, où
Disparition
Christian Boltanski, mémoires vives
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Christian Boltanski à Paris, le 11 novembre 2019. (Edouard CAUPEIL/Photo Édouard Caupeil pour Libération)
publié le 14 juillet 2021 à 21h04
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