Elle s’appelle Poule mais elle a plutôt l’air d’un petit chat blanc roulé en boule. Poule ressemble aussi à un mogwai renfrogné – ces créatures imaginaires à grandes oreilles pelucheuses qui deviennent des gremlins. Et comment ne pas penser aussi au Déjeuner en fourrure, la sculpture surréaliste d’une tasse en peau de gazelle de Meret Oppenheim ? C’est le propre de l’art d’Eléonore False, actuellement exposée à Marseille, de jouer sur les ambiguïtés. Dans l’espace lumineux du Frac, les œuvres de l’artiste diplômée des Beaux-Arts de Paris intriguent tout en se répondant avec finesse, de part et d’autre de grandes gazes translucides en forme de cloisons. Au cœur du parcours, la toute petite sculpture Poule est pourtant un peu à part, solitaire, avec son nom à la féminité tapageuse, presque contradictoire avec sa forme mignonnette.
La mascotte ne déroge pourtant pas à la règle de l’artiste, dont la pratique, révèle-t-elle, «prend comme point de départ le collage». Poule est bien le collage improbable d’un abat-jour en verre kitsch et d’une fourrure blanche. Eléonore False la présente posée sur ce qu’elle appelle un «confident», admirable siège tressé en osier qu’elle a elle-même réalisé. «Un fauteuil en forme de S qui permet à deux personnes de discuter sans avoir à tourner la tête est la métaphore même du collage», explique l’artiste.
Sculptures, collages, tapisseries, tressages… Si l’exposition apparaît à première vue déco