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Le portrait

Emma Lavigne, musée vous bien

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La conservatrice, louée pour ses expositions inventives et populaires, a quitté les institutions publiques pour prendre la tête de la collection Pinault.
Emma Lavigne à Paris, le 7 novembre. (Marguerite Bornhauser/Libération)
par Marie-Dominique Lelièvre
publié le 2 janvier 2022 à 16h01

La douceur du timbre surprend. Une voix de petite fille dans un corps robuste d’adulte en perfecto blanc qui, à elle seule, va remplacer deux hommes. Emma Lavigne, la nouvelle boss de la «Pinaultcothèque», succède à Jean-Jacques Aillagon et Martin Bethenod, à la tête de la collection Pinault comme à la programmation de trois sites, le Palais Grassi, la Pointe de la douane et la Bourse de commerce, sans compter la résidence d’artistes à Lens.

C’est un emprunt d’œuvres qui a rapproché Lavigne, alors à la tête du Palais de Tokyo et l’homme d’affaires-collectionneur-marchand d’art. En découvrant sa scénographie pour un ensemble monumental de toiles du peintre Sigmar Polke qu’il lui prêtait, le Breton aurait succombé. «Un des fleurons de sa collection. Il a vu ma motivation, ma manière de relire certaines œuvres.» Col roulé marine, pantalon crème, sneakers Rick Owens, elle nous pilote dans les ténèbres du Palais de Tokyo vers les œuvres que protège un bodyguard de grand gabarit.

Pourquoi l’abandonner à peine après son arrivée ? «C’est un modèle économique très dur», répond Lavigne. Implacable comme l’océan minéral du bâtiment dont raffole la fashionsphère, qu’elle rejoint à l’automne 2019. Au printemps, pandémie. Dos au mur dans le palais post-nucléaire, elle fait face à un casse-tête. Seule. «Je dois trouver 63 % de mon budget.» Tendre la sébile dans un monde confiné, impossible. «Quand il n’y a plus d’événements privés, plus de fashion week, comment