L’éléphant colle sa Trompe contre les solides et nombreux barreaux qui ferment sa cage. Aussi imposant soit-il, il n’est dès lors qu’à peine visible. On ne distingue qu’une forme plissée et massive, à la belle robe grise qui ne tient pas tout entière dans le cadre du tableau. La grille la prive de sa liberté, la relègue au second plan et à l’opacité. Comme dans toutes les peintures animalières de Gilles Aillaud (1928-2005) réunies dans l’exposition du centre Pompidou, les bêtes occupent rarement le devant de la scène et doivent composer avec ce qui les cerne et les enclot pour les tenir, dociles et résignés, entre les murs d’environnements aseptisés et carcéraux. Certes, dans Intérieur et hippopotame, on ne voit qu’elle, bête replète et courte sur pattes. Mais elle n’est pas tout à fait placée au centre du tableau qui laisse voir, sur la droite, la porte métallique de la cage percée d’une longue fente verticale. Les dispositifs de surveillance et d’isolement, leur froid métal et leurs lignes géométriques formant tout type de grille, au maillage plus ou moins serré, plus ou moins fin, haut et large, quadrillent l’espace des animaux et les peintures d’Aillaud.
C’est donc bien une peinture d’intérieur où la vie sauvage dépérit. A l’image de ce phoque, bedaine à terre, qui se morfond au fond de son enclos et du tableau intitulé Piscine vide (sa