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Hubert Duprat, larves et la manière

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L’artiste à part voit son exposition au Musée d’art moderne de Paris prolongée. L’occasion de se frotter à sa fantaisie et son savoir-faire technique, entre cocons tissés de pierres précieuses et coraux collés à la mie de pain.
Larve aquatique de trichoptère avec son étui, victime collatérale du Covid au MAM. (F. Delpech/Adagp)
publié le 28 mai 2021 à 5h34

Préparée au creux du confinement de mars 2020, fermée en plein vol par le deuxième à l’automne, l’exposition d’Hubert Duprat, artiste discret par nature, a survécu in extremis au troisième, recevant un sursis inespéré (elle devait fermée début janvier). Le Covid aura quand même eu raison de sa pièce maîtresse, faite par et avec des larves d’insecte d’eau douce (qui se ramassent au printemps, à condition qu’on puisse sortir de chez soi…). Il n’y a donc pas au Musée d’art moderne de Paris ces trichoptères vivants, tissant délicatement autour d’eux le fourreau au creux duquel ils attendront leur mue. Mais il y a bien, exposés sous vitrine, quelques-uns de ces tubes que l’insecte abandonne une fois qu’il est devenu papillon. Ceux-là étincellent. Ils sont tissés d’or, de perles, de saphir, de turquoise, de corail et de lapis-lazuli. C’est la trouvaille que l’artiste a faite dans les années 80. Le trichoptère, orfèvre né, peut en effet sertir son cocon d’à peu près tout ce qu’il a sous les mandibules. Y compris ces matières précieuses. La pièce est un objet de curiosités autant qu’une œuvre, un miracle, une invention dûment brevetée, associant le génie d’un insecte industrieux tricotant l’or et l’idée d’un artiste qui le laisse faire et le couve de toute son admiration. Hubert Duprat a ainsi constitué autour de lui une volumineuse documentation, qui remplit une salle entière du musée, et réunit gravures, films, livres scientifiques, fictions, toutes les apparitions du trichoptère