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Art contemporain

Jean Claracq passe aux micromondes

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Digne héritier des miniaturistes médiévaux mais traitant de personnages ultracontemporains, l’artiste prodige expose à Paris ses toiles parfois minuscules aux cadres très élaborés. Une œuvre qui réunit la fugacité d’Instagram et l’éternité de la peinture.
Dikhotomia (2021), 90 x 130 cm, de Jean Claracq. (Galerie Sultana)
publié le 19 février 2021 à 17h38
(mis à jour le 20 février 2021 à 18h30)

Le jeune homme vous tourne le dos qu’il a musclé, bombant, sans malice ni coquetterie, ses fesses rebondies, moulées dans un boxer siglé Calvin Klein à l’élastique. Indifférent, l’éphèbe à la peau grise et brune, casquette noire à l’envers, ne prend pas la lumière et c’est plutôt le tapis à motifs géométriques sur lequel il est allongé à plat ventre qui rehausse le tableau de couleurs chaudes. C’est que ce personnage portraituré sans visage est ailleurs, l’œil rivé sur l’écran de son ordinateur, ouvert sur les perspectives artificielles d’un jeu de simulation qui met le gamer dans la peau d’un urbaniste. Les peintures que Jean Claracq expose à la galerie Sultana, à Paris, livrent toutes l’image d’une génération née au XXIe siècle, connectée et le plus souvent isolée, cloîtrée chez elle, même si, parfois, elle prend l’air. Mais rarement sans garder un portable à portée de main. Les tableaux travaillent à plein d’endroits à confiner ces personnages, mais aussi à les affranchir des limites de la réalité, tâchant de les suivre là où leur esprit vagabonde, dans les mondes du virtuel ou des réseaux sociaux. Or Claracq, 30 ans cette année, traite ce sujet, l’époque, dans une facture on ne peut plus traditionnelle, avec des méthodes et des outils aussi vieux que la peinture, et surtout dans des formats minuscules qui font de lui le descendant en droite ligne des miniaturistes médiévaux ou des primitivistes flamands, truffant leurs images de mille et un détails avec une