On demande toujours beaucoup aux artistes. Ils doivent observer le monde, créer des œuvres, enseigner en école d’art et parler de leur travail au grand public. Kader Attia sait faire tout cela, voilà pourquoi Laurence des Cars l’a invité au Louvre pour une résidence. «Il est la personne juste», dit de lui la directrice du musée, à l’introduction de sa première «leçon d’artiste» dans l’auditorium Michel Laclotte, en avril. Kader Attia est aussi le gamin de Garges-lès-Gonesse, dans le Val-d’Oise, enfant d’immigrés algériens qui, ado, venait seul au Louvre, aujourd’hui un artiste international reconnu, prix Marcel Duchamp 2016, installé à Berlin, professeur à Hambourg.
Durant ses dix-huit mois de résidence dans le musée parisien, le plasticien travaille à la réalisation d’une œuvre – un film, tenu secret – et à un cycle de conférences. Le fil de ses trois prises de parole, inspirées par le musée, est guidé par le regard, le sien d’abord mais aussi celui des artistes, celui du public, celui qui circule sur les œuvres et à travers elles. Qu’est-ce que regarder veut dire ? Qu’est-ce donc que ce prisme, individuel et collectif, dans lequel entre un faisceau d’histoires, d’émotions, de failles, d’images, de cultures, de violence mais aussi de douceur ?