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Kubra Khademi, un appétit d’ocre

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L’artiste afghane, qui a fui le régime des talibans, expose 150 dessins retraçant un quotidien sombre et léger dans son pays d’origine.
«La Fille et le dragon (bis)», réalisé en 2024 par Kubra Khademi. (Galerie Eric Mouchet)
publié le 12 septembre 2024 à 15h30

«Merci de défendre le magnifique et singulier travail de Kubra. Sa force va m’inspirer longtemps. Bravo !» Adressée à la galerie Eric Mouchet, dans le quartier parisien de Saint-Germain-des-Prés, qui bruisse de vernissages en ce mardi de rentrée, la phrase figure sur le livre d’or. Et elle est signée de l’ancienne ministre de la Culture franco-libanaise, Rima Abdul Malak.

Encore inconnue sous nos latitudes voici quelques années, Kubra Khademi a gagné en notoriété, entre autres Documenta de Cassel, Biennale de Sydney, musée d’Art moderne de la ville de Paris, collection Lambert à Avignon et Institut du monde arabe, ayant promu son travail. Modèle de courage et de volonté, la jeune femme a dû se résoudre à quitter son pays d’origine, l’Afghanistan, au moment où sa sécurité devenait menacée, à force de défier – et de ridiculiser – la tyrannie d’immondes barbus, pour qui, notamment, la femme reste par définition un être inférieur. Ce à quoi, galvanisée par l’outrance de ses 30 ans, l’artiste répondait en offrant d’abord un fastueux bouquet de créatures nues, en train de griller un vit taille XXL, ou de se faire empaler par un bourricot mêmement membré comme Priape.

Moins explicitement sardonique, «la Fille et le Dragon» adopte une tournure biographique, qui, à travers près de 150 dessins, la plupart verticaux, réalisés à la gouache et à la feuille d’or, relate les épisodes, tantôt marquants, tantôt banals, d’un quotidien débuté en 1989 en Iran, où la famille (nombreuse) a t