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«L’Académie des mutantes» à Bordeaux, un souffle d’art

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En Gironde se tenait la deuxième édition du festival d’art et de performance questionnant la création du point de vue des minorités et la réappropriation de lieux ségrégatifs. Dans un contexte politique sous tension, une bouffée d’espoir.
Performance de Low Lov au CAPC de Bordeaux, le 23 juin. (Arthur Pequin)
par Rémi Guezodje
publié le 25 juin 2024 à 19h57

Une légende urbaine voudrait qu’une odeur de café embaume le Centre d’arts plastiques contemporains (CAPC) de Bordeaux. On ne reniflait pourtant pas d’amertume en passant les portes de ce lieu qui accueillait la semaine dernière la deuxième édition de l’Académie des mutantes, un festival d’art et de performance gratuit, plébiscité par des Bordelais de tous âges, imaginé par le commissaire en chef Cédric Fauq. Une exposition sur les fantômes, des performances autour de la réappropriation de lieux ségrégatifs… A bien regarder le programme, on saisit que ce mythe olfactif est une métaphore du passé colonial dans lequel baigne le bâtiment. Dès sa construction en 1824, ce qu’on appelle encore l’Entrepôt lainé servait à emmagasiner des denrées récoltées par des esclaves, issus du commerce triangulaire dont Bordeaux était l’un des ports. Puis, à partir de 1973, l’installation portuaire se met à accueillir bon nombre de pratiques artistiques contemporaines d’esprit rebelle, telles Nan Goldin et Annette Messager, mais aussi de l’art conceptuel et minimal.

L’Académie des mutantes a donc pris à bras-le-corps ce double héritage, se donnant pour objectif de penser l’art actuel du point de vue