Dans le portrait du chien qui ouvre l’exposition d’Issy Wood à Lafayette Anticipations, quelque chose nous hérisse le poil. Mais ce n’est pas sa touffe de poils beige, si ébouriffée qu’on serait tenté d’y passer la main pour éprouver au toucher la douceur soyeuse que cette extravagante pelisse promet. Ce sont ses yeux, plissés, et sa truffe, retroussée, qui inspirent, par réflexe, un mouvement de recul. En dépeignant un sujet ridicule à faire peur, Issy Wood, 30 ans tout juste, semble se délecter à verser dans un kitsch rebutant et vieillot. La plupart de ses natures mortes exposées à Lafayette Anticipations appuient sur ce même registre grinçant en figurant de la vaisselle en porcelaine, des soupières en argenterie, des pots en forme d’animaux (de poules et de poulets surtout), des bibelots, des intérieurs cuir de voitures de sport, des vestes molletonnées, en cuir ou en fourrure.
Ces choses sont peintes avec une évidente curiosité, une certaine dérision et, parfois, avec un féroce sens du sarcasme. On le sait notamment parce que ce sont ses propres commentaires qui renseignent les cartels. Il est rare qu’un artiste livre sans fard l’origine ou la portée de ses propres œuvres, censées tenir seules, détachées de leur auteur. Mais Issy Wood lie intimement sa vie à son art. Sans faire de l’un ou de l’autre un drame ni une malédiction. Si elle a peint un tableau où sont juxtaposés l’intérieur d’une voiture, un lampadaire et des moules à gâteau fantaisie, c’est, indique le cartel