Parti de France et de la plume d’André Breton, le surréalisme a essaimé dans le monde entier ou presque, encouragé par la puissance de l’Internationale communiste ou dispersé par la centrifugeuse de la Seconde Guerre mondiale. A l’occasion des 100 ans du Manifeste publié en 1924, Libé propose toute la semaine un tour du monde surréaliste à travers une collection d’objets, d’artistes et de pays.
Etre surréaliste n’est pas très bien vu au Mexique en 1940. Attiré par les villes précolombiennes, par «les coutumes et les choses étranges», André Breton fait le voyage à Mexico en 1938 pour suivre ses rêves de poésie mais surtout pour y rencontrer Léon Trotsky et le muraliste Diego Rivera avec lesquels il signe le manifeste Pour un art révolutionnaire indépendant. Sauf que lorsqu’il débarque à Veracruz, personne ne vient le chercher au bateau. Il trouve aussi porte close pour ses conférences à l’université. Et l’Exposition internationale du surréalisme qu’il organise en 1940 à la Galerie d’art mexicain est un four critique : la presse tient le mouvement pour mort, démodé, naïf («Il est naïf d’amener le surréalisme au pays de la marijuana. On ne peint pas quand on est défoncé», dit le peintre Manuel Rodríguez Lozano). Alors, le Mexique, «pays le plus surréaliste du monde», territoire surréaliste «par excellence», comme le voit Breton ? C’est surtout le pays où s’installe Leonora Carrington, une «sorcière» sur