Héros ahuri et dégingandé, ayant débarqué sur une lointaine planète les bras chargés de cadeaux (du bisphénol A), le dénommé Jésus Pérez avait bien failli y laisser sa peau, tant les créatures hybrides qui peuplent cette planète avaient fait montre d’une incompréhensible violence à son égard. Dans le deuxième épisode de la série d’animation 3D Harmonie, que Bertrand Dezoteux a placée au centre de son exposition à la HAB Galerie à Nantes, l’explorateur finit à poil après avoir assailli de questions son interlocuteur, croisement entre une vache et une girafe, flanqué de trois têtes, dont deux presque humaines. En dépit des apparences, la cocasserie du scénario et des protagonistes de ce space opera philosophique, odyssée (en partie) chantée d’un conquistador mou à la perplexité indécrottable, ne vire jamais au ridicule.
Interview
Bertrand Dezoteux, comme dans les autres pièces, sculptures, dessins et peintures qui trament ces Mémoires d’un touriste, avance là sur un fil ténu entre réflexions sur la fin d’une époque (celle du tourisme de masse), sur la connaissance (de l’autre, de soi) ou sur les modes de représentation. Ainsi, ses films ont bien cette consistance liquide si particulière de l’imagerie en 3D, avec des paysages qui se déplient et se transforment de manière soudaine, au rythme de la marche heurtée des personnages. Mais leur facture est parfois plus rugueuse, bricolée et froissée comme celle des collages sur papier. Ce qui prête aux films une cadence boit