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Libération
Rétrospective

Lee Lozano, «Strike» back

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La rétrospective de l’indocile artiste américaine, à la Bourse de Commerce de Paris, retrace ses «périodes» de création, des traits rageurs des débuts dézinguant le patriarcat aux dissections picturales du corps, sur fond de révolte permanente.
Lee Lozano a changé de nom au moins deux fois (elle se renomme «Lee Free», puis juste «E» pour Energie) et choisi d’être enterrée dans une tombe anonyme.
publié le 1er octobre 2023 à 11h04

La toute première pièce de l’exposition, un texte écrit en février 1969 en lettres capitales par l’artiste, annonce, comme une lettre d’adieu, le dénouement, qui laisse pantois, de l’œuvre et de la carrière de Lee Lozano. Elle s’y engage à ne plus fréquenter «le monde de l’art», à «éviter, peu à peu, mais avec détermination, d’être présente à des vernissages» et à ne plus exposer que certaines de ses œuvres, celles en lien avec «une révolution totale à la fois personnelle et politique». Elle ajoute : «au moins jusqu’à l’été prochain». Ce boycott entamé à 39 ans ne s’achève qu’en 1999, avec sa mort. A la Bourse de Commerce de Paris jusqu’en janvier, la rétrospective de cette artiste culte chez nombre de ses pairs mais peu connue du public, qui avance par séries de pièces, suivant un fil chronologique approximatif, fidèle à sa manière de faire se chevaucher ses «périodes», est la toute première en France. Et elle ne déçoit pas.

Régler son compte au patriarcat

Les dessins, exécutés d’un trait rageur et chaotique, donnent le ton caustique et la texture, grasse et charnue, de ses débuts. Ils figurent (ou défigurent, triturent et déforment) des parties du corps humain. A commencer par des bites. Serrées au creux de grosses mains, engourdies, se laissant masturber, ou bien tenant lieu de tête à un homme en costume, ou enco