La toute première pièce de l’exposition, un texte écrit en février 1969 en lettres capitales par l’artiste, annonce, comme une lettre d’adieu, le dénouement, qui laisse pantois, de l’œuvre et de la carrière de Lee Lozano. Elle s’y engage à ne plus fréquenter «le monde de l’art», à «éviter, peu à peu, mais avec détermination, d’être présente à des vernissages» et à ne plus exposer que certaines de ses œuvres, celles en lien avec «une révolution totale à la fois personnelle et politique». Elle ajoute : «au moins jusqu’à l’été prochain». Ce boycott entamé à 39 ans ne s’achève qu’en 1999, avec sa mort. A la Bourse de Commerce de Paris jusqu’en janvier, la rétrospective de cette artiste culte chez nombre de ses pairs mais peu connue du public, qui avance par séries de pièces, suivant un fil chronologique approximatif, fidèle à sa manière de faire se chevaucher ses «périodes», est la toute première en France. Et elle ne déçoit pas.
Régler son compte au patriarcat
Les dessins, exécutés d’un trait rageur et chaotique, donnent le ton caustique et la texture, grasse et charnue, de ses débuts. Ils figurent (ou défigurent, triturent et déforment) des parties du corps humain. A commencer par des bites. Serrées au creux de grosses mains, engourdies, se laissant masturber, ou bien tenant lieu de tête à un homme en costume, ou enco