Ce n’est pas que l’expo soit sans queue ni tête. Non : il y a des queues (beaucoup) et il y a des têtes. Simplement, elles sont souvent séparées, à quoi vous répondrez que c’est généralement le cas et peut-être n’auriez-vous pas tort. Prenez cet âne au premier plan (Asinus domestique) : sa tête est enveloppée d’un fichu sac-poubelle, comme une madone. Mais sa queue, et le reste de son corps, ou celui d’un cheval qui lui ressemble, figurent sur une petite toile jaune en contrebas, rappelant l’installation d’un certain Maurizio C. Ailleurs c’est un phallus dressé, caché sous un cochon masqué, à qui il manque un corps. Peut-être celui de Karl Marx, dont la tête auréolée de cheveux et de barbe orne une pancarte toute dorée (Je suis Karlie, il fallait y penser).
Foutu pour foutu
Ce grand tête-à-queue, très Dada-or-death, où l’on croise aussi un tronc-main, une souche-tête, un superbe château-corbeau-Edgar Allan Poe et un hommage facétieux aux œuvres minimales, c’est celui orchestré par l’érudit trublion Arnaud Labelle-Rojoux dans l’expo «Etant damnés» à la galerie Loevenbruck, à Paris, avec un featuring de son complice Xavier Boussiron (eh oui, lui-même, du Zerep). Dans le titre, d’aucuns verront une référence à l’œuvre posthume de Marcel Duchamp, laquelle fait de nous tous des voyeurs, mais d’autres y entendront un résolu «foutu pour foutu autant y aller carrément», sage maxime par les temps qui courent et qui semble avoir dicté le bordel organisé. L’on se promène précautionneusemen