Depuis le seuil de la galerie Crèvecœur, on ne distingue pas grand-chose, sinon des tableautins trop longs ou trop étroits pour rentrer dans les canons des formats académiques. Et trop petits pour être vus de là. Mais même de près, il y a quelque chose qui tient tête dans les peintures de Louise Sartor. Le support, cartonné, paraît souple ou du moins peu tendu parce qu’aucun cadre ne vient l’asseoir et, comme aérien, il se détache du mur plutôt qu’il n’y est maintenu. Il est parfois percé en différents endroits (y compris en plein cœur du sujet représenté) de trous où viennent se ficher les épingles qui le fixent au mur. Les images figurent un monde un peu suranné, paresseux, qui s’étiole sans gémir. A l’exemple de ces trois fleurs fanées, des marguerites, qui s’étirent, étiques et filiformes, chacune de leur côté, dans une solitude de végétaux abandonnés qui dépérissent à même le sol. Les pétales se rabougrissent et ne jettent là que leurs ultimes feux blanc et de jaune pâle. Pourtant, dans ce bouquet moribond et dans cette composition presque clinique subsiste un reste de beauté ornementale. Tout comme dans cette nature morte aux cotillons, pelote de rubans de papiers chiffonnés qui ne sont plus à la fête, mais n’ont pas encore perdu leurs couleurs éclatantes.
Louise Sartor dépeint ces moments peu intenses, où l’excitation, l’effervescence, l’excitation retombent, où le temps s’étire et les choses traînent. D’où p