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Malala Andrialavidrazana, collages en pleine «Figures»

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L’artiste native de Madagascar explore dans une œuvre immense et toujours en cours les rapports de domination qui s’exercèrent dans les colonies européennes. Un pan de sa création est exposé au Palais de Tokyo.
«Figures 1853». Le collage, réalisé numériquement, gomme les perspectives. (Malala Andrialavidrazana)
publié le 18 novembre 2024 à 6h30

Ils se serrent et se bousculent, courent, dansent, posent solennellement ou, espiègles, grimacent dans le capharnaüm étourdissant et fascinant de l’immense collage imprimé qui s’affiche sur le mur courbe de la grande verrière du Palais de Tokyo. Aucun de ces personnages, illustres ou anonymes, n’en occupe le centre, ni la première place. Il n’y en a pas, pas plus qu’il n’y a vraiment de début ni de fin. L’œuvre de Malala Andrialavidrazana, entamée en 2015 et exposée depuis par bribes (jamais à cette échelle), est d’ailleurs toujours en cours. L’artiste continue à récolter des images anciennes de toutes natures (peintures, timbres-poste, billets de banque, estampes, publicités, atlas…) où se nichent une trace, une marque, un trait de domination sociale, politique, économique ou encore de genre.

Ambigus et pleins de contradictions

Ainsi résumé, l’enjeu et l’objet de cette fresque truculente aux couleurs vives, mais à la teinte légèrement passée qu’ont les illustrations dans un vieux manuel scolaire, reste vague. Autant que le corpus tumultueux et hétéroclite de Figures. Malala Andrialavidrazana, née à Madagascar en 1971, vit en France depuis ses 12 ans et œuvre depuis le début des années 2000 dans une relative et injuste indifférence du milieu (cette expo au Palais de Tokyo est sa première dans une institution française) et du marché. Elle aurait le profil type d’une artiste qui prend, avec cette exposition, une revanche sur le sort réservé aux femmes, notamment noires, dans le monde de l’art (et ailleurs)