Une constellation toute poétique, puissante et politique, se déploie dans la vidéo Matter Gone Wild de l’artiste et poétesse Josèfa Ntjam, présentée dans une très belle exposition du même nom à la Fondation Pernod-Ricard jusqu’à fin janvier. Devant nos yeux remuent les herbes folles de pixels et misères végétales numériques en route pour l’insubordination. Matter Gone Wild, du nom d’une matière qui, d’avoir été asservie, contenue, se mue folle, sauvage, mouvante, imprévisible et élastique, prête à repenser par et pour soi le passé, le présent et les futurs possibles. L’œuvre, d’une durée de dix-huit minutes et réalisée en collaboration avec Sean Hart et Nicolas Pirus, se présente d’abord sous un aspect de jeu vidéo, composé de couleurs vives et de fonds marins de liqueur noire et organismes aqueux à tout va, qui dévoile tour à tour plusieurs personnages-avatars comme celui de «MARTH» (en lien avec Marthe Ekemeyong Moumié, écrivaine et militante phare qui a lutté toute sa vie contre le colonialisme et pour les indépendances africaines, dont celle du Cameroun en 1960), mais aussi «Persona», ou encore «Saturna» qui assène en un slam : «On lutte ensemble, avec les esprits et ancêtres dans un cataclysme de souvenirs bafoués. Le présent nous rappelle même à l’ordre, alors on jure sur nos vies que plus jamais ça, que plus jamais ça, jusqu’à ce que l’histoire se mette en mode “repeat” incessant, mais putain mais c’est si gros qu’on a du mal… à y croire…»
Créer le trouble, l’interrogation, le mouvement
Sous les