Il était de ces artistes contemporains pour qui cette qualification, même vague, reste encore trop étroite pour permettre d’englober l’ensemble de son travail. Artiste, théoricien (de tout et de rien, du rock indie et de l’urbanisme pavillonnaire), photographe, vidéaste, architecte, Dan Graham est mort samedi en laissant une œuvre, ou plutôt des formes de pensée conceptuelles, qui rejoignent dès leurs premières occurrences, au mitan des années 60, l’orbite contestataire de la contre-culture américaine. Un cocktail de haute volée dont s’abreuveront artistes et musiciens de haute comme de basse culture.
Né en 1942, à Urbana, dans l’Etat de l’Illinois, Dan Graham entame, à 24 ans, une brève carrière de galeriste. Dès 1964, il montre à New York les pionniers de l’art conceptuel les Sol LeWitt, Dan Flavin, Don Judd ou Robert Smithson. Il abandonne la John Daniels Gallery au bout d’un an pour arpenter avec son appareil photo des cités pavillonnaires de la banlieue new-yorkaise. Hors de question pour lui de faire une simple exposition, ou même un atlas, à partir de ce corpus d’images d’un mode de vie standardisé. Il le publie en effet sous la forme d’un article illustré, publié dans la revue spécialisée Arts magazine avec le désir de «contourner le système de la galerie pour proposer un mode d’appréhension direct, prêt à consommer sur place» soit «de l’art directement ‘informé' par les supports d’information». En d’autres termes, l’œuvre ne se suffit pas de docu