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Disparition

Mort de Jacqueline de Jong, monstre sacrée de la peinture figurative

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Connue en France, sur le tard, pour sa peinture figurative expressionniste et naïve, grouillant de monstres grotesques ballottés par ses émotions, sa rage et ses espoirs devant le spectacle de la vie moderne, Jacqueline de Jong est morte le 29 juin, à Amsterdam, à 85 ans.
Jacqueline De Jong dans son atelier. Amsterdam, février 2018. (Damian Noszkowicz)
publié le 4 juillet 2024 à 14h58

En 1939, année de sa naissance, ses parents juifs, collectionneurs d’art, quittent les Pays-Bas pour trouver refuge en Suisse. Ce n’est qu’à la fin de la guerre qu’ils regagnent Amsterdam que Jacqueline de Jong quitte à nouveau à la fin des années 50 pour prendre des cours d’art dramatique à Paris, avant d’y revenir pour devenir l’assistante du directeur du Stedelijk Museum Willem Sandberg, grâce auquel elle fait la rencontre, décisive, des membres du groupe Cobra, dont Asger Jorn avec qui elle se lie d’amour. Le peintre, alors adepte de l’Internationale Situationniste, sera, comme Jacqueline de Jong, exclu du groupe par Guy Debord, qui condamne en 1962 toutes formes d’art à visée commerciale.

Cela n’empêche pas la jeune femme de créer, une fois de retour à Paris et jusqu’en 1967, la revue anglophone The Situationist Times. Parallèlement à cette activité d’auto éditrice, et tout en assistant Karel Appel, autre artiste emblématique de Cobra, elle livre des toiles de grands formats, peuplées d’une foule de créatures se mouvant en désordre au gré d’un pinceau énervé et brouillon. La palette criarde est au diapason et c’est avec des affiches du même acabit que l’artiste participe à Mai 68. Son titre de séjour ne sera pas renouvelé. Elle retourne vivre aux Pays-Bas au début des années 70 et invente ses peintures en valise, tableaux dépliables et port