En aplatissant la sculpture, pour en faire un tapis plutôt qu’un volume, il a, au milieu des années 60, atterré et enchanté le public, qui n’avait jamais vu ça, ni jamais osé marcher sur une œuvre. Avec Carl Andre, ce qui devenait ainsi permis (voire obligé), c’était aussi de produire une sculpture sans inciser, sans tailler, sans mouler le matériau, sans que l’artiste y laisse donc sa patte, mais simplement en alignant ou empilant des modules préfabriqués aux formes géométriques toutes simples. Pionnier renversant du minimalisme, l’Américain est resté toute sa vie fidèle à ces préceptes tôt inventés et connut une carrière sans véritables passages à vide. Même après le décès, dans des circonstances pour le moins troubles, de sa femme, l’artiste Ana Mendieta. Carl Andre est mort à New York le mercredi 24 janvier.
Né en 1935, à Quincy, Massachusetts, c’est à New York, où il s’est installé à la fin des années 50, qu’il s’essaie à la sculpture, mais aussi à la poésie en travaillant l’agencement de blocs dans l’une comme dans l’autre. Sur le papier, ce sont des blocs de textes, tapés à la machine à écrire qui garantit un espace régulier entre les lettres et les mots, disposés selon trois axes : la grille, la liste et la suite mathématiques. Dans l’espace, ce sont des blocs de bois, des unités préfabriquées et rigoureusement identiques, découpés à la scie mécanique, empilés sa