Dans les années 60, ses toiles truculentes mettant en scène le tout-venant des images de magazine dans des compositions fragmentées et chaotiques lui valurent de «devenir, s’amusait-il, très vite et très jeune une sorte de vedette du pop art». Mais Hervé Télémaque ne partageait pas tout à fait la superficialité clinquante de ses pairs américains et leur opposait une narrativité plus subtile. L’artiste est mort jeudi 10 novembre, à 85 ans.
Rétrospective
Né en 1937 à Port-au-Prince, en Haïti, il est tôt attiré par les Etats-Unis, où il y apprend à peindre, à partir de 1957, au moment où l’expressionisme abstrait règne en maître sur les tableaux new-yorkais. Il ne se retrouve que peu dans cette abstraction gesticulante et émigre outre-atlantique pour rejoindre Paris en 1961. Là, il fourbit un style et une méthode alertes, figuratifs et imprégnés d’images d’actualité, graves aussi bien que frivoles et qui composent les fondements de ce qu’on appelle encore aujourd’hui la Figuration narrative. En 1964, il fédère autour de ce nom et d’une exposition au Musée d’art moderne de Paris, intitulée «Mythologies quotidiennes», un groupe éphémère d’artistes, qui compte notamment Bernard Rancillac, Jacques Monory ou Niki de Saint Phalle. Outre une représentation d’objets et de scène de la vie quotidienne, les œuvres trempent dans la politique et les débats de société.