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Muséographie : vide d’artiste

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Rien, ce n’est pas grand-chose, mais ça peut représenter beaucoup. Le Covid a contraint les musées à la fermeture, mais il a pu arriver que le blanc, le néant soient offerts au public dans un geste comique, critique ou politique. Passage en revue des plus grandes expos où il n’y eut que peu à voir.
Image extraite du film «No Show», de l’artiste Melvin Moti (2004). (Melvin Moti/Paradocs)
publié le 16 mars 2021 à 20h11

Si la fermeture des musées laisse les œuvres orphelines de leurs spectateurs, la situation inverse s’est souvent présentée : les artistes se sont eux-mêmes chargés, à plusieurs reprises, de vider les lieux. Selon plusieurs modalités et pour tout un tas de raisons, relevant davantage il est vrai de l’hygiène du regard et de la pensée plutôt que de l’hygiène sanitaire. N’empêche, puisque le rideau des institutions culturelles reste baissé, on peut essayer de se consoler en se souvenant que, même ouvertes, elles ont pu ne montrer que du vide. Ce qui était déjà beaucoup et n’impliquait pas qu’il n’y avait rien à voir.

Mieux, ou pire, certains artistes, et pas des moindres, se sont contentés de fermer leur exposition, pour faire de ce seul et radical geste de non-ouverture l’œuvre en soi. Maurizio Cattelan est de ceux-là. L’Italien a même commencé sa carrière en refusant d’ouvrir les portes de la galerie Neon, à Bologne, qui lui offrait, en 1989, son tout premier show. Qui se réduisait donc à une porte close, sur laquelle une affichette prévenait le spectateur que l’artiste revenait de suite («Torno subito»). Il n’est jamais revenu. En faisant faux bond, en fuyant le monde de l’art, tout en mettant un pied dans la porte, en préférant ne pas, en s’absentant pour mieux être présent partout, l’Italien posait déjà les ressorts comiques et pathétiques de son œuvre ultérieure. Le manque d’inspiration, le trac, la peur de se rater élevés au rang des beaux-arts. De fait, quelques a