Comment expliquer qu’aujourd’hui la peinture passionne encore autant, à l’heure des images jetables et des intelligences artificielles ? C’est la question que se pose Nathanaëlle Herbelin, peintre franco-israëlienne de 36 ans. «La plus jeune jamais montrée à Orsay», selon le commissaire Nicolas Gausserand, est encore tout étonnée de l’intérêt que son médium suscite. «C’est magique de voir que les mêmes sujets intéressent encore : les baigneurs, le corps, l’amour, la séparation, la maternité, la mort, des sujets éternels, archaïques…» Invitée au musée d’Orsay à exposer aux côtés des nabis, Nathanaëlle Herbelin a d’abord été décontenancée quand le directeur du musée, Christophe Leribault, lui a proposé le projet. Elle a accueilli avec un brin d’appréhension les conservateurs d’Orsay dans son atelier, comme si la «police du style» venait lui reprocher ses affinités avec les peintres d’antan. «J’étais embarrassée, parce que c’est vrai que si l’on regarde bien, j’ai beaucoup volé aux nabis. Mais, après tout, pourquoi pas ?»
Elevée en Israël, Nathanaëlle Herbelin vient souvent à Orsay enfant, quand elle rend visite à ses grands-parents. Etudiante aux Beaux-Arts de Paris, elle visite le musée en voisine, pour «résoudre des problèmes concrets de peinture» et «apprendre à faire les contours». «Je suis venue avec une technique fermée, académique, que j’ai voulu casser en peignant de manière plus légère, plus humble.» Dans l’expo, sur ses