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Expo photo

Rétrospective : à la Fondation Beyeler, Jeff Wall nous intime de regarder

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En Suisse, la fondation près de Bâle expose le célèbre photographe canadien. Masculinité, rêve, solitudes… Dans cette belle rétrospective, les images s’offrent comme autant d’énigmes et scénarios possibles, défiant le temps et les lois de la gravité.
«Summer Afternoons» (2013). (Jeff Wall/The George Economou Collection)
publié le 3 février 2024 à 12h19

Une exposition de Jeff Wall est toujours un événement. A fortiori en Suisse où l’on chouchoute le photographe, très présent dans les collections publiques et privées. En 1983, la deuxième exposition personnelle du Canadien hors de son pays a eu lieu à Bâle. En 2005, c’était au tour du Schaulager bâlois de faire date avec une magistrale rétrospective. Voilà aujourd’hui les œuvres du photographe de Vancouver à la Fondation Beyeler, dans le superbe écrin translucide de Renzo Piano. Avec 55 photographies – sur environ 200 du catalogue raisonné, l’exposition mêle des immenses tirages couleur ou noir et blanc à ses imposantes photographies sur caissons lumineux.

Des œuvres signatures, mimant des dispositifs publicitaires, où l’on retrouve ses icônes : un homme assis sur le trottoir avec du lait qui gicle (Milk, 1984), un type en position de tireur, sans fusil, en pleine rue (A Man With a Rifle, 2000) ou un homme noir dans une cave avec un plafond recouvert d’ampoules (After «Invisible Man» by Ralph Ellison, the Prologue, 1999-2000). Dans le parcours que Jeff Wall a souhaité «exubérant», «intense» et «coloré comme un bouquet de fleurs», ses diapositives gigantesques, qu’il appelle aussi des «tableaux photographiques» restent magnétiques… Alors qu’en quarante ans, notre régime visuel a totalement changé avec le numérique,