Une exposition de Jeff Wall est toujours un événement. A fortiori en Suisse où l’on chouchoute le photographe, très présent dans les collections publiques et privées. En 1983, la deuxième exposition personnelle du Canadien hors de son pays a eu lieu à Bâle. En 2005, c’était au tour du Schaulager bâlois de faire date avec une magistrale rétrospective. Voilà aujourd’hui les œuvres du photographe de Vancouver à la Fondation Beyeler, dans le superbe écrin translucide de Renzo Piano. Avec 55 photographies – sur environ 200 du catalogue raisonné, l’exposition mêle des immenses tirages couleur ou noir et blanc à ses imposantes photographies sur caissons lumineux.
Des œuvres signatures, mimant des dispositifs publicitaires, où l’on retrouve ses icônes : un homme assis sur le trottoir avec du lait qui gicle (Milk, 1984), un type en position de tireur, sans fusil, en pleine rue (A Man With a Rifle, 2000) ou un homme noir dans une cave avec un plafond recouvert d’ampoules (After «Invisible Man» by Ralph Ellison, the Prologue, 1999-2000). Dans le parcours que Jeff Wall a souhaité «exubérant», «intense» et «coloré comme un bouquet de fleurs», ses diapositives gigantesques, qu’il appelle aussi des «tableaux photographiques» restent magnétiques… Alors qu’en quarante ans, notre régime visuel a totalement changé avec le numérique,