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Exposition

Sean Landers, tartan roi de la jungle

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Au musée de la Chasse et de la Nature à Paris, l’artiste américain expose ses animaux aux pelages textiles ou boisés, et sous couvert d’humour, tisse une œuvre profonde autour de ses gouffres.
«The Urgent Necessity of Narcissism for the Artistic Mind (Jaguar)» de Sean Landers (2014). (Courtesy Petzel Gallery, NY)
publié le 7 novembre 2023 à 5h00

Qu’il est mignon ce petit ours blanc à rayures bleues ! Et ce gros bœuf musqué à poils longs, n’est-il pas doudou avec son regard ahuri et ses cornes qui rebiquent ? Trois ans après sa rétrospective au CAPC de Dijon, le peintre américain Sean Landers est en majesté au musée de la Chasse et de la Nature. Il y montre son bestiaire insensé, peuplé d’animaux-peluches aux airs de plaids écossais… Dans la salle d’exposition temporaire, antilope d’Amérique, mouflon canadien, cerf rouge et ocelot – un petit félin en voie de disparition – posent au premier plan de paysages-dioramas, canyons et chaînes de montagnes stylisées, arbres en ombres chinoises. Chez Landers, les animaux sauvages ne le sont plus, parés d’un tartan qui strie leur pelage et les enferme dans une cage textile. Pourquoi le peintre les a-t-il donc affublés de cette fourrure tramée ? Un adorable glouton bleu, un sanglier à carreaux rouge… Tous les animaux ressemblent à des kilts, et s’ils ne portent pas le tartan, ils sont striés de nervures de bois comme ce lion sous la neige ou ce chimpanzé factice et figé. Sur un portrait serré, un labrador blanc tout simple a un regard miel intelligent, très humain. Il y a aussi ce chien seul, mais fier, qui fait un peu pitié dans une barque à la dérive. «Je peins ce chien dans un bateau car il suscite de l’empathie, nous explique Sean Landers. La barque, c’es