Que les corps dépeints par Xie Lei occupent ses toiles de manière robuste, bien campés sur leurs pieds et silhouette carrée, n’empêchent pas qu’ils se volatilisent discrètement pour préférer rejoindre un autre espace que celui du visible. A la galerie Semiose, toute l’exposition de l’artiste chinois (né en 1983) repose sur cette tension entre le flou et le net, le dehors et le dedans, entre ce qui est caché et ce qui est montré. Ainsi les traits de leurs visages ne sont jamais visibles soit parce qu’ils détournent la tête et regardent ailleurs, vers le fond du tableau, où ils se penchent vers une source lumineuse qui, les éclairant à contre-jour, attise le mystère du tableau − ça se passe là-bas et on ne sait pas quoi. Soit encore parce que, comme dans Essence, la flamme que vient de cracher le personnage lui lèche le visage et lui fait un écran jaune flamboyant. La lumière et la peinture elles-mêmes viennent opacifier les sujets, les retenir en coulisse, alors qu’ils sont les seuls à occuper les devants − il n’y a aucun décor, aucun cadre.
Xie Lie figure ainsi peut-être une forme de réclusion intérieure, de peine à se projeter au-devant des autres, à accomplir son désir amoureux. En donnant à son show le titre du film de Jean Genet, Un chant d’amour, qui met en scène les frustrations de prisonniers, il semble bel et bien travailler à prêter forme au sentiment d’isolement. Mais il le fait sans trop de pathos, avec une part d’irréel voire de mythologie (un serpen