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Interview

Zoe Leonard: «La photo peut-elle défaire des systèmes qu’elle a bâtis ?»

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L’Américaine, militante féministe et lesbienne, travaille depuis 2016 sur le Río Grande, fleuve frontalier entre les Etats-Unis et le Mexique. Ses tirages, visibles à partir de samedi au musée d’Art moderne de Paris, explorent les enjeux politiques de la région.
Sans légende, les photos de Zoe Leonard sont toutes entourées d’un cadre noir. Un «rappel de la présence du photographe», explique l’artiste. (Zoe Leonard)
publié le 13 octobre 2022 à 18h07

Faire le distinguo entre voir et regarder, et surtout regarder pour mieux voir. C’est ce que nous exhorte à faire – tout en rigueur et en finesse – l’exposition de Zoe Leonard au musée d’Art moderne de Paris. Grands murs nus, séquences de tirages noirs et blancs de petit format, quelques photographies couleurs seulement, pas de cadres, pas de légendes… Dans les salles dépouillées de l’ARC, le département contemporain, il y a du vide et des images qui nous emmènent sur les rives du Río Grande (nom américain) – ou du Río Bravo (nom mexicain) – depuis Ciudad Juárez et El Paso jusqu’au golfe du Mexique. Dans une approche conceptuelle, «Al río/To the River» scrute les dynamiques politiques de cette zone frontière en tension et sous étroite surveillance. Mais en extrait aussi son souffle dans de sensibles paysages.

Célèbre à l’international, Zoe Leonard, née en 1961 dans l’Etat de New York, expose rarement en France. L’artiste est aussi connue pour pratiquer, dès les années 90, le militantisme – au sein d’Act Up et de groupes d’artistes lesbiennes. Pour elle, photographier est forcément une forme d’engagement. Entretien sous l’œil de deux caméras de contrôle du musée.

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