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Exposition

Artistes russes antiguerre exposés à Paris : «La peur et l’impossibilité de m’exprimer librement m’ont poussé à quitter le pays»

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Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Jusqu’au 15 juin, la galerie de la Supérette du Quotidien accueille l’exposition «Sans drapeau». Censure, poursuites pénales, emprisonnement, exil… Leurs œuvres se font l’écho de la machine répressive des autorités russes.
L'artiste russe Andreï Kouzkine, aux côtés de son œuvre «Cubes (interchangeabilité)», réalisée en 2023 et exposée en juin 2024 à la galerie de la Supérette du Quotidien, à Paris. (Sonia Lumière)
publié le 11 juin 2024 à 13h39

Une jeune femme dépeinte à l’aquarelle bleue, les mains rassemblées autour d’un symbole Peace and love, un doux sourire aux lèvres. Tout autour, des barbelés d’une noirceur débordante. «Les dessins de Sasha sont exposés là-haut pour se rappeler qu’elle est loin en Russie», commente Vika Privalova, commissaire de l’exposition «Sans drapeau», un œil fixé sur la vitre de la mezzanine de la Supérette du Quotidien. Jusqu’au 15 juin, ce tiers-lieu culturel accueille les œuvres de quatorze artistes russes aux positions antiguerre en Ukraine, dont certains sont toujours en Russie, par choix ou par contrainte. L’artiste militante Alexandra Skotchilenko, surnommée Sasha, a été condamnée en novembre 2023 à sept ans de prison pour «diffusion publique de fausses informations sur l’utilisation des forces armées russes». Son crime ? Avoir glissé des autocollants antiguerres à la place des étiquettes de prix dans un supermarché de Saint-Pétersbourg, un peu plus d’un mois après le début de l’invasion de l’Ukraine. Dans les geôles du Kremlin, elle crayonne.

«Ses dessins en prison, c’était toute une histoire», se rappelle au vernissage sa mère, Nadejda Skotchilenko, exilée en France chez sa fille aînée. «Les crayons de couleur ont été permis il