Une jeune femme dépeinte à l’aquarelle bleue, les mains rassemblées autour d’un symbole Peace and love, un doux sourire aux lèvres. Tout autour, des barbelés d’une noirceur débordante. «Les dessins de Sasha sont exposés là-haut pour se rappeler qu’elle est loin en Russie», commente Vika Privalova, commissaire de l’exposition «Sans drapeau», un œil fixé sur la vitre de la mezzanine de la Supérette du Quotidien. Jusqu’au 15 juin, ce tiers-lieu culturel accueille les œuvres de quatorze artistes russes aux positions antiguerre en Ukraine, dont certains sont toujours en Russie, par choix ou par contrainte. L’artiste militante Alexandra Skotchilenko, surnommée Sasha, a été condamnée en novembre 2023 à sept ans de prison pour «diffusion publique de fausses informations sur l’utilisation des forces armées russes». Son crime ? Avoir glissé des autocollants antiguerres à la place des étiquettes de prix dans un supermarché de Saint-Pétersbourg, un peu plus d’un mois après le début de l’invasion de l’Ukraine. Dans les geôles du Kremlin, elle crayonne.
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«Ses dessins en prison, c’était toute une histoire», se rappelle au vernissage sa mère, Nadejda Skotchilenko, exilée en France chez sa fille aînée. «Les crayons de couleur ont été permis il