Menu
Libération
Exposition

Au Consortium de Dijon, Andreas Schulze champion en pitre

Article réservé aux abonnés
Dans sa première exposition en France depuis trente ans, l’extravagant peintre allemand déroute à gros coups de pinceaux irrévérencieux poussant l’absurde jusqu’à ses derniers retranchements.
«Untitled (Morris Nolde/Rügen)» d'Andreas Schulze, 2009. (Andreas Schulze/Le Consortium)
publié le 6 juin 2025 à 17h10

La toile, en lever de rideau de l’exposition d’Andreas Schulze, figure opportunément un rideau ou un drap, aux motifs fleuris et hélicoïdaux, à moitié levé seulement. Ce qu’on distingue au-dessous, les pattes d’un zèbre, celles d’un chameau, celles, peut-être, d’un rhinocéros, d’un lama et d’un âne, laisse augurer un curieux spectacle parce que le compte n’y est pas. Les pattes font seulement la paire. Il n’y en a pas quatre pour chaque bête (sauf pour le zèbre). Si c’est un numéro de cirque qui se préfigure, c’est celui des clowns déguisés en animaux.

Quoi qu’il en soit, Andreas Schulze est un peintre-pitre, pas piètre pour un sou. Ses toiles plantent des décors, des objets, des paysages si saugrenus qu’on en reste coi, avant de rire bêtement. C’est que cette peinture paraît quasiment insituable dans l’histoire de l’art et sans attaches dans l’art contemporain. Ce n’est même pas Eric Troncy, commissaire de l’expo (la première en France depuis trente ans) qui éclairera notre lanterne, celui-ci se contentant de concéder que l’œuvre de l’artiste allemand, 70 ans, «ne s’est ni éclaircie ni résolue avec le temps».

Boudin noir goudron

Réalisé en 1982, l’ensemble de trois toiles Untitled (Polaroid Raum, Polaroid Space) aurait pu filer droit et rejoindre les rangs de l’abstraction géométrique. La palette rouge, jaune et bleu semble être une allusion au Who’s Afraid of Red, Yellow and Blue (1966-1970) de Barnett Newman, zélateur du zip (ainsi que l’Américain désignait les ban