Le mirage se profile à l’horizon : tout au bout de la digue, comme flottant sur la mer, la silhouette d’un palmier géant se découpe sur le ciel. La vision des majestueuses palmes de l’arbre exotique, que l’on peut apercevoir depuis le terre-plein de la jetée, boulevard Clemenceau, sème aussitôt le doute : est-on au Havre ou à Essaouira, en Normandie ou en Afrique du Nord ? L’installation Fata Morgana de l’artiste Chiki, d’une déconcertante efficacité, et d’une grande délicatesse, donne le ton de cette cinquième édition d’Un été au Havre, manifestation d’art contemporain qui se déploie dans l’espace public et dans les institutions culturelles. Juste à côté du musée d’Art moderne André Malraux, des rochers brise-lame de l’austère jetée ont été recouverts de feuilles d’or par le couple d’artistes Hehe qui réside au Havre et coordonne le pôle «art média environnement» de l’Ecole supérieure d’art et de design.
Entre ces gros cailloux dorés (offrandes joaillières à l’océan), le palmier magique (qui d’un coup de baguette nous transporte ailleurs), les coquillages et crustacés bizarres de Théo Mercier au centre d’art contemporain le Portique et le magistral trompe-l’œil de Pierre Delavie (qui fait surgir la carcasse d’un immense navire sur le Terminal Croisière), le parcours imaginé par le directeur artistique Jean Blaise joue avec malice sur les illusion