David, ça déménage. Mais à quoi ressemblent les meubles ? A force d’être patrimoniales, les œuvres du «maître du néoclassique» se sont réduites à quelques images d’Epinal au parfum d’encaustique et d’école républicaine : le Serment du jeu de Paume, la Mort de Marat, le Sacre de Napoléon. On ne percevait plus guère en lui que le fervent jacobin votant la mort du Roi, et les glorieux lèche-bottes napoléoniens. Philippe Muray a résumé en 1984, dans le XIXe siècle à travers les âges, les reproches (auxquels il adhérait) faits à l’homme à la «peinture plastifiée». David serait l’ordonnateur d’«un enterrement socialo-occultiste du catholicisme», «régicide, robespierriste, organisateur de chorégraphies républicaines, spécialiste en pathétique sous arcatures doriques». La grande et minutieuse rétrospective du Louvre, en 1989, démontait ces clichés. Mais elle eut lieu à la lumière (ou à l’ombre) du bicentenaire de la Révolution, à une époque où la figure de l’artiste engagé avait du plomb dans l’aile. Difficile, tandis qu’on célébrait «la fin de l’histoire», de donner à voir un artiste qui la nourrit autant.
Trente-six ans après, la «fin de l’histoire» a l’air d’un conte à l’eau de rose, la question de l’engagement se repose, et revoilà Jacques-Louis David dans ce Louvre où il eut son atelier, en majesté, sous plusieurs régimes, avant de finir après 1816 à Bruxelles dans un exil glorieux. Les trois commissaires (Sébastien Allard, Côme Fabre, Aude Gobet) ont