SERIE. Mucem, centre Pompidou, musée de Bordeaux, street art... Tour d’horizon du petit monde des conservateurs et des restaurateurs d’art contemporain en France, et des débats qui les agitent.
Il aura fallu 160 semi-remorques pour transporter, de Paris à Marseille, les 250 000 objets, 130 000 tableaux et estampes, 450 000 photographies et le kilomètre linéaire d’archives hérités de feu le musée des Arts et Traditions populaires, dont la carcasse dépouillée qui hante toujours le bois de Boulogne fait de l’œil à sa voisine, la clinquante fondation Louis-Vuitton. On reviendra sur l’histoire mouvementée de cette collection hors norme voulue par George Henri Rivière dans les années 30, en pleine expansion coloniale, et qui ne comprenait pas comment on pouvait se passionner autant pour de lointaines civilisations (lui-même revenait tout juste de la célèbre mission Dakar-Djibouti avec Michel Leiris et Marcel Griaule) et se soucier si peu d’un monde en train de disparaître sous nos yeux, celui de la France rurale.
Mais pour l’heure, sautons à pieds joints dans l’ultracontemporain avec cette question contre-intuitive qui agite depuis peu la communauté des conservateurs : faut-il continuer d’acquérir œuvres et objets ? Et par ricochet, faut-il commencer à considérer l’idée, à l’heure où l’on prend conscience des effets néfastes de la surabondance, que les musées pourraient