La rétrospective que consacre le musée Maillol à Chéri Samba est l’occasion d’affirmer le rôle d’éclaireur de l’artiste congolais qui fut l’un des premiers Africains à être reconnu de son vivant en Europe, à l’orée des années 90, mais aussi de retracer en filigrane les étapes de cette ascension semée d’embûches et portée par des amateurs qui ont cru en lui et à sa peinture. A commencer par Jean Pigozzi, collectionneur d’art africain contemporain (à qui appartiennent la cinquantaine d’œuvres montrées ici), ainsi qu’André Magnin, autre compagnon de route, sans oublier Jean-Hubert Martin, commissaire de «Magiciens de la terre», exposition de 1989 au centre Pompidou qui, en premier, leva le couvercle sous lequel bouillonnait la foisonnante scène africaine.
A fleur de toile
Né en 1956, Samba a quitté l’école à 16 ans, et s’est formé sur le tas, à la lecture des bandes dessinées, publiées dans la revue Jeunes pour Jeunes, avant de faire profession de peintre d’enseignes et de dessinateur. En 1975, il franchit le pas et ouvre son atelier à Kinshasa. Personne ne peut louper le lieu, dont la façade est ornée de ses mots en lettres capitales : «Atelier du Gd Maître de la Peinture populaire». Cette emphase, cet orgueil, ce culot réjouissant font partie de l’œuvre et du personnage. Chéri Samba se met volontiers en scène dans ses tableaux. Lunettes fumées sur le ne