Menu
Libération
Expo

Au musée Rodin, Balzac passé au peignoir fin

Article réservé aux abonnés
L’historienne de l’art Marine Kisiel a tiré une captivante exposition de son enquête autour d’une célèbre statue du sculpteur, moulage d’une robe de chambre habité par le corps fantôme de l’écrivain.
Véritable robe de chambre trempée dans du plâtre, l’énigmatique vêtement tient debout, creusé à l’intérieur. (Jérôme Manoukian/Photo Jerome Manoukian)
publié le 16 décembre 2024 à 4h24

On l’a oublié, mais la plupart des statues qui ornent nos villes n’ont pas été sculptées du vivant des hommes qu’elles honorent. Comment faisaient alors les artistes pour représenter les personnalités politiques, scientifiques, militaires ou littéraires ? C’est dans cet espace que s’engouffre Marine Kisiel, conservatrice au musée Galliera, en s’intéressant à une pièce fascinante d’Auguste Rodin, l’Etude de robe de chambre pour Balzac. La loupe de Sherlock Holmes à la main, l’historienne de l’art enquête autour de cette œuvre étrange, le moulage d’un peignoir, pour en tirer un texte vivant (Dérobades. Rodin et Balzac en robe de chambre) et une passionnante petite exposition au musée Rodin, entre histoire de l’art et histoire des mentalités.

Au centre du parcours, l’œuvre se pose là : véritable robe de chambre trempée dans du plâtre, l’énigmatique vêtement blanc, informe, tient debout tout seul, creusé à l’intérieur, comme habité par un fantôme, soulignant le corps du grand absent, l’immense Balzac. Et si Auguste Rodin en arrive à cette étude d’atelier si mystérieuse, si spectrale – qu’il choisira de conserver toute sa vie –, c’est q