On l’a oublié, mais la plupart des statues qui ornent nos villes n’ont pas été sculptées du vivant des hommes qu’elles honorent. Comment faisaient alors les artistes pour représenter les personnalités politiques, scientifiques, militaires ou littéraires ? C’est dans cet espace que s’engouffre Marine Kisiel, conservatrice au musée Galliera, en s’intéressant à une pièce fascinante d’Auguste Rodin, l’Etude de robe de chambre pour Balzac. La loupe de Sherlock Holmes à la main, l’historienne de l’art enquête autour de cette œuvre étrange, le moulage d’un peignoir, pour en tirer un texte vivant (Dérobades. Rodin et Balzac en robe de chambre) et une passionnante petite exposition au musée Rodin, entre histoire de l’art et histoire des mentalités.
Au centre du parcours, l’œuvre se pose là : véritable robe de chambre trempée dans du plâtre, l’énigmatique vêtement blanc, informe, tient debout tout seul, creusé à l’intérieur, comme habité par un fantôme, soulignant le corps du grand absent, l’immense Balzac. Et si Auguste Rodin en arrive à cette étude d’atelier si mystérieuse, si spectrale – qu’il choisira de conserver toute sa vie –, c’est q