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Patrimoine culturel

Bénédicte Savoy : «Au musée, chaque œuvre que nous avons devant nous est absente d’ailleurs»

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Alors que des pièces africaines commencent à être restituées, l’historienne détaille, dans son nouveau livre, à partir de l’itinéraire d’objets d’art symboliques, comment le pillage a été un outil du «monopole du savoir» de l’Occident, et invite à penser le sentiment de manque qu’il a inscrit dans leurs pays d’origine.
Le site du Grand Autel de Pergame, en Turquie, en 2020. (Mahmut Serdar Alakus/Anadolu Agency. AFP)
publié le 11 janvier 2024 à 17h09

Pourquoi le célèbre buste de Néfertiti sculpté au XIVe siècle avant notre ère et réclamé depuis les années 1920 par l’Egypte est-il exposé dans un musée de Berlin ? Comment le Grand Autel de Pergame a-t-il été transféré, pierre par pierre, de Turquie vers un musée allemand ? Se souvient-on que le retable de l’Agneau mystique des frères Van Eyck a été rapté par les révolutionnaires français, cherchant à libérer le patrimoine de la religion et des despotes ? Dans A qui appartient la beauté ?, le livre tiré de son cours au Collège de France, Bénédicte Savoy, enseignante à la Technische Universität de Berlin, retrace le parcours d’œuvres d’art déracinées, légalement ou non, et leur circulation d’un musée occidental à l’autre. Imbroglios juridiques et bras de fer diplomatiques se mêlent à des histoires plus sentimentales, celle du manque ressenti dans les pays où ces œuvres ont été enlevées. Cinq ans après la remise de son rapport sur la restitution du patrimoine culturel africain à Emmanuel Macron, rédigé avec l’économiste Felwine Sarr, elle revient sur les boulevers