Menu
Libération
Accueil

Braquage du Louvre : le musée rouvre ce mercredi, Macron demande une «accélération» des «mesures de sécurisation»

La patronne de l’établissement, Laurence des Cars, va tenter d’expliquer ce mercredi après-midi au Sénat comment les voleurs ont pu commettre leur méfait. La ministre de la Culture, Rachida Dati, nie toute faille de sécurité.

Devant le musée du Louvre fermé, le lundi 20 octobre 2025. (Emma Da Silva/AP)
Publié le 22/10/2025 à 10h28, mis à jour le 22/10/2025 à 17h04

Ces cinq mots, affichés depuis 9 heures ce mercredi 22 octobre sur le site du Louvre, étaient très attendus par le public : «le musée est ouvert aujourd’hui». L’établissement était resté fermé lundi, au lendemain du spectaculaire braquage, avant le jour de fermeture hebdomadaire mardi.

Mais en parallèle, la polémique sur la sécurisation du musée ne désenfle pas. En Conseil des ministres ce mercredi matin, Emmanuel Macron a souligné que «des mesures de sécurisation du Louvre étaient en cours de déploiement et il a demandé une accélération», a rapporté la porte-parole du gouvernement Maude Bregeon.

Mardi, lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, la ministre de la Culture Rachida Dati a exclu toute «faille de sécurité à l’intérieur» du musée, car les dispositifs «ont fonctionné». Elle a en revanche mis en cause l’absence de sécurité «sur la voie publique», permettant aux cambrioleurs d’installer un monte-charge et d’entrer par une fenêtre. La ministre et candidate à la mairie de Paris a reconnu qu’avait été «sous-estimée pendant trop longtemps la sécurité des œuvres d’art». «On a plutôt privilégié la sécurité des publics», rapporte-t-elle. Dans un pré-rapport consulté lundi par l’AFP, la Cour des comptes déplore un «retard dans le déploiement d’équipements destinés à assurer la protection des œuvres» du musée.

Les organisations syndicales (CGT, SUD, CFDT, CFTC, FSU) du musée ont pour leur part été reçues mardi rue de Valois et ont dénoncé la baisse des effectifs d’agents chargés de la sécurité. Dans un communiqué, la CGT culture relate qu’à cette occasion, le ministère a annoncé l’ouverture d’une enquête administrative menée par l’Inspection des affaires culturelles afin d’évaluer les dispositifs de sécurité et d’analyser l’organisation interne du musée. Le syndicat souligne également qu’une cellule d’accompagnement psychologique a été déployée pour les agents «directement et indirectement affecté·es par les événements».

Laurence des Cars sur le grill des sénateurs

De son côté, la présidente-directrice du Louvre, Laurence des Cars, va s’exprimer pour la première fois sur l’affaire. Elle sera devant la commission des affaires cultures du Sénat ce mercredi à 16 h 30, pour tenter d’expliquer comment des voleurs ont pu dérober des joyaux dans l’établissement le plus visité au monde. La cheffe du musée devrait être interrogée sur les conditions de sécurité de la galerie d’Apollon. Elle abrite la collection royale de gemmes et les diamants de la Couronne, qui compte environ 800 pièces.

Laurence des Cars aurait d’ailleurs présenté sa démission après le vol, a affirmé le Figaro mardi. Mais Emmanuel Macron aurait refusé et l’aurait assurée de son soutien.

Le billet de Thomas Legrand

En coulisses, l’enquête se poursuit en toute discrétion pour tenter de mettre la main sur les quatre cambrioleurs et leur incroyable butin. Un vol qui a provoqué une forte émotion en France comme à l’étranger et une tempête politico-médiatique sur la protection des œuvres du Louvre.

Qualifiés au départ d’inestimables, les bijoux volés ont désormais une estimation, qui ne tient toutefois pas compte de leur valeur patrimoniale : «Le préjudice a été estimé par la conservatrice du Louvre à 88 millions d’euros», une somme «extrêmement spectaculaire» mais qui «n’a rien de parallèle et de comparable au préjudice historique», a déclaré mardi soir sur RTL la procureure de Paris Laure Beccuau.

Anticiper les futurs casses

Cette estimation en fait l’un des plus importants pillages d’objets d’art des dernières décennies. Pour se parer aux éventualités d’autres vols en lieux culturels, les ministères de la Culture et de l’Intérieur ont fait parvenir le 20 octobre un télégramme à tous les préfets de France, ainsi que l’a révélé BFM TV. Ce document consulté par Libération énonce des directives visant à renforcer «la protection de certains biens culturels».

Les départements sont sommés d’entamer dès à présent «un inventaire exhaustif de l’ensemble des biens de grande importance pour notre patrimoine culturel, susceptibles de faire l’objet d’une prédation». Ceux-ci sont également appelés à nommer des «référents sûreté» au sein des institutions culturelles et doivent s’assurer que des «diagnostics ou audits de sûreté adaptés à chaque situation» ont bien été réalisés.

Mise à jour à 1 48, avec les propos d’Emmanuel Macro ; à 1 03 avec le communiqué de la CGT culture ; à 17 h 04 avec les directives des ministères aux préfets.