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Œuvres d’art : ce vide qu’on ne peut pas encadrer

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L’artiste italien Salvatore Garau a vendu 15 000 euros une œuvre invisible aux enchères. Mais cette idée d’un art du vide n’est pas nouvelle...
Une autre œuvre invisible de l'artiste Salvatore Garau : «Bouddha en contemplation», à Rome. (Capture vidéo YouTube)
publié le 7 juin 2021 à 20h09

Y a-t-il quelque chose de plus beau que le vide ? Le néant, c’est toujours mieux que le trop, le moche, l’excessif ou le rococo. Les artistes conceptuels l’ont compris depuis belle lurette, en tout cas depuis Kasimir Malevitch et son Carré blanc sur fond blanc en 1918, et dans la foulée les artistes du courant suprématiste russe. Quand, donc, on apprend que l’artiste italien Salvatore Garau défraye la chronique depuis le 18 mai avec sa sculpture Io Sono («je suis») – une œuvre d’un mètre carré délimitée par du scotch au sol dont il a vendu le protocole 15 000 euros lors d’une vente aux enchères –, on rit doucement en se rappelant qu’il n’est pas le premier à jouer avec le rien. Comment ne pas se souvenir du génial Yves Klein qui avait mis en scène le vide lors d’une expo chez Iris Clert en 1958 ? Les invités médusés se sont pressés pour regarder des murs blancs : l’extase fut garantie et la réputation de l’artiste n’était plus à faire… Il y a de multiples façons de sculpter le néant. Au MAC VAL, à Vitry-sur-Seine, en 2008, Claude Closky avait imaginé sa rétrospective dans le musée vide où seule une bande audio décrivait ses œuvres dans des casques. Il s’était inspiré de Bruce Nauman qui, en 2004, avait joué des mêmes ressorts à la Tate Modern de Londres. A la foire Art Basel, avec Mimed Sculptures, Davide Balula a