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Interview

Christian Marclay : «Les images sont plus ouvertes que le langage»

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Rencontre avec l’artiste américano-suisse, qui détourne sons et objets de la pop culture depuis près de quarante ans et à qui le centre Pompidou consacre une grande exposition.
«Footstompin'», 1991. (Christian Marclay)
publié le 2 décembre 2022 à 19h13

Dans le curieux monde de Christian Marclay, les téléphones sonnent continûment, les portes se claquent à l’infini, les personnages crient et les disques scratchent. Tout peut devenir un instrument de musique. Œuvrant à l’articulation des images et du son, l’artiste né en 1955 à San Rafael (Californie), étudie depuis près de ­quarante ans de quelle manière les matières auditives et visuelles se jouent l’une de l’autre, dans des assemblages d’objets hilarants, des partitions aux airs de bandes dessinées, des collages humoristiques ou des montages vidéo virtuoses. Ainsi croise-t-on dans la vibrante exposition que lui consacre le centre Pompidou de grands pantins composés de pochettes de disques, des CD fondus sur une roue, une colonne de disques vinyle qui monte jusqu’au plafond, un téléphone dans une cage, une guitare traînée par un camion, un feuilletage de sous-titres de films ou un accordéon long comme un boa constrictor… Artiste multimédia, performeur, héritier de John Cage et d’Andy Warhol, Christian Marclay tord et trafique les objets de la pop culture pour trouver son langage. Si The Clock, son œuvre la plus ­connue, n’est pas exposée, le parcours imaginé par Jean-Pierre ­Criqui retrace sa carrière et dévoile pour la première fois Doors, un vertigineux montage d’extraits de films avec des portes. Et contrairement à ce qu’il pr