Au premier plan, des soldats casqués tirent à bout portant sur trois petits corps désarmés, les mains en l’air. L’un d’eux est à terre. Tout autour, des mares de sang… En arrière-plan, plusieurs maisons flambent comme des allumettes et, là encore, des cadavres jonchent le sol. Sur une colline, un autre soldat abat une silhouette : le frère du jeune garçon rohingya, 13 ans, qui a crayonné cette scène d’apocalypse, vue du ciel, comme captée par un drone. Ce terrible dessin montre la connaissance précise des massacres perpétrés par les soldats birmans dans la tête de l’adolescent, réfugié dans un camp au Bangladesh. C’est par l’intermédiaire de l’ONG Médecins sans frontières que Zérane S. Girardeau a recueilli cette esquisse. Investie par la mission «de donner une place» à ces regards d’enfants, la commissaire de l’exposition Déflagrations, au fort Saint-Jean du Mucem, à Marseille, a ainsi réuni des centaines de dessins. «Je me refuse à les voir comme de simples images touchantes», explique-t-elle. En 2013, bouleversée par la guerre en Syrie, et par les photographies d’une grande violence qui parvenaient en France – en particulier les clichés du dossier César
Exposition
«Déflagrations», enfants au dessin contrarié
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Œuvre d’un Rohingya de 12 ans qui a fui la Birmanie en 2017.
Il a dû fuir Boli Bazar, village birman, avec sa famille en septembre 2017. Ils ont mis treize jours, à pied et en bateau, pour rejoindre la frontière du Bangladesh. « Je me souviens des soldats qui entraient dans le village et mettaient le feu partout, ils tuaient et violaient les gens. […] En dessinant ce que j’ai vu, j’espère montrer l’histoire des Rohingyas et leur souffrance. » Il décrit les hélicoptères de combat, les maisons incendiées avec des personnes à l’intérieur, d’autres silhouettes à côté des maisons bleues qui sont représentées à l’horizontale, et la fuite des survivants par la rivière. (UNICEF Bangladesh & COPEC)
publié le 31 juillet 2021 à 14h21
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