Faire avec les moyens du bord, tout en créant la surprise, séduit toujours autant les artistes. Et le confinement a remis au goût du jour le charme de la récup et les vertus de l’assemblage. Rappelons-nous, vers 1910, Pablo Picasso et Georges Braque composent leurs premiers collages et, dans le monde dévasté de la Première Guerre mondiale, Hans Arp réalise les siens avec du papier d’ameublement tandis que son ami Kurt Schwitters assemble des coupures de magazine, des tickets de tramways, des paquets de cigarettes, pour en faire un art total, le Merz, assemblage fabuleux de déchets transmutés en tableaux et en architectures, (le mot Merz est extrait d’un morceau de journal Kommerz- und Privatbank). A partir des décombres d’une époque, des ordures et des ruines, les artistes du début du XXe siècle ont hissé le collage au rang d’art. Un siècle plus tard, cette esthétique née dans la misère demeure d’actualité. Popularisée par Instagram, par des magazines spécialisés et de superbes publications, la technique du collage reprend du poil de la bête en s’enrichissant des outils numériques, étrangement pas reléguée aux oubliettes par le tout-photographique et les logiciels de retouche.
A l’ère Covid, le collage est d’abord un moyen bien pratique pour créer des images inédites alors que les déplacements sont limités. La graphiste Frédérique Daubal l’a constaté, dès le début du premier confinement, en réalisant ce qu’elle nomme des «overprint» pour Kenzo. A p