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Le Libé des historiens

Diversité au musée : le moment noir

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L’exposition «le Modèle noir», en 2019 au musée d’Orsay, aura été un jalon fondamental en abandonnant une représentation documentaire pour inscrire les figures de la diaspora africaine dans le temps long de l’histoire de l’art. Quatre ans après, le succès de cette approche a ouvert la porte à de nouvelles initiatives muséales.

Devant «l’Abolition de l’esclavage dans les colonies françaises en 1848» de François-Auguste Biard, au musée d’Orsay, en 2019. (François Guillot/AFP)
Par
Anne Lafont
historienne, directrice d’études à l’EHESS
Publié le 04/10/2023 à 16h02

A l’occasion des «Rendez-vous de l’histoire», qui se tiennent à Blois du 4 au 8 octobre 2023, les journalistes de Libération invitent une trentaine d’historiens et historiennes pour porter un autre regard sur l’actualité. Retrouvez ce numéro spécial en kiosque jeudi 5 octobre et tous les articles de cette édition dans ce dossier.

L’artiste marseillaise d’origine camerounaise Marie-Rose Frigiere mène l’enquête. Elle interroge les coiffeuses et les clientes des salons de beauté noire du quartier Noailles sur leur rapport à l’art : ses interlocutrices oscillent entre plusieurs réactions mais souvent se positionnent loin de l’art et du patrimoine, dont elles ont connaissance par leurs enfants ou la télévision et qu’elles tiennent à bonne distance de peur de ce qui semble être, tout simplement, un saut dans l’inconnu. Marie-Rose Frigiere fait pourtant entrer la question de l’art dans le salon de coiffure, haut lieu de la sociabilité africaine. Sa démarche pourrait inspirer des initiatives inédites, des rencontres que l’on croit à tort improbables car elle soutient qu’il faut que l’art se déplace, qu’il sorte du musée pour rejoindre les populations qui n’en soupçonnent pas l’existence. Selon Marie-Rose Frigiere, à une certaine distance du musée, l’accessibilité n’est plus seulement affaire de programmation ciblée – les femmes interrogée