En voilà une année ambiguë pour l’art : à l’heure où le monde post-pandémie a des airs de cocotte-minute, et que le marché se porte comme un charme, la volonté des artistes d’aborder des blessures non cicatrisées (colonialisme, inégalités Nord-Sud…) et des questions politiques cruciales (écologie, inclusion des minorités, injustices sociales…) révèle plus que jamais des chairs à vif. S’il voulait panser les plaies et inventer de nouvelles solidarités, l’art contemporain a divisé et fait l’objet d’attaques en 2022. Ceci a été particulièrement vrai cet été en Allemagne, lors de la quinzième Documenta de Cassel, la plus grande manifestation d’art contemporain au monde, créée dans l’après-guerre pour mettre un pansement sur les divisions européennes.
Alors que ressurgissait le passé nazi de certains fondateurs, les Indonésiens de Ruangrupa, collectif d’artistes de Jakarta invité à la direction artistique de l’événement, ont été au centre d’une violente polémique. Pris dans l’étau d’accusations d’antisémitisme, de menaces de mort et d’attaques xénophobes, les 1 500 artistes de cette houleuse édition ont assisté, suite au déma